LES ECOLES AMIES DE LA NATURE
Difficile de ne pas s’inquiéter quand on entend parler de changements climatiques, de feux de forêts, de sécheresse, de fonte de glaciers ou d’autres dérèglements de la nature. Mais comment parler d’environnement à votre tout-petit sans lui faire peur?
Comme plusieurs parents, Bouchra Taïbi se demande dans quel monde vivra son enfant, Emile Omar, 4 ans. « Quel sera l’impact des changements climatiques sur les populations? Je pense aussi aux enfants de mon fils, s’il en a. Quand ils grandiront, restera-t-il encore des espaces verts, des forêts? » Cependant, elle fait attention à ne pas transmettre ses craintes à son fils. « C’est important pour moi de le sensibiliser à la protection de l’environnement. Mais je veux que ce soit quelque chose de positif pour lui. Il est trop petit pour porter sur ses épaules le poids de sauver la planète. »
Il est en effet préférable d’éviter d’être alarmiste en parlant d’environnement à un enfant. « Aborder ce sujet en insistant sur les dangers risque de l’effrayer et de lui faire vivre de l’anxiété, affirme le psychologue Joe Flanders. De plus, la question des changements climatiques est trop complexe pour la capacité de compréhension d’un jeune enfant. »
L’écoanxiété est un terme qui désigne l’anxiété causée par les problèmes environnementaux. Devant les nouvelles inquiétantes sur l’état de la planète et l’importance qu’y accordent les médias, de plus en plus de gens en souffrent, même des enfants. Un tout-petit qui est écoanxieux peut avoir des problèmes de sommeil, être triste, agité, agressif ou encore se replier sur lui-même. « Cela affecte son bien-être et nuit à sa capacité de bien fonctionner dans ses activités quotidiennes », indique Joe Flanders.
Si vous vivez vous-même de l’écoanxiété, il faut apprendre à vivre avec l’incertitude et garder un certain optimisme, conseille le psychologue. Une façon d’y arriver est de poser des gestes concrets en lien avec l’environnement. Vous serez ainsi en accord avec vos valeurs et vous vous sentirez mieux.
Comment sensibiliser votre tout-petit à l’environnement sans l’inquiéter? Catherine Gauthier, directrice générale d’ENvironnement JEUnesse, suggère de le faire de manière positive et concrète. « Plutôt que de lui parler des problèmes environnementaux, il vaut mieux lui montrer de petits gestes quotidiens qui sont bons pour la nature. »
C’est ce que fait Meika Palmer, maman de Léo, 3 ans, et de Félix, 6 mois. « Par exemple, j’ai appris à mon aîné à ouvrir le robinet juste un peu quand il se lave les mains, parce que l’eau est précieuse. Je lui ai aussi appris à utiliser seulement la quantité de papier de toilette dont il a besoin, car c’est fabriqué avec des arbres. »
Évidemment, il est essentiel de montrer l’exemple. « Les enfants apprennent par imitation, rappelle Murielle Vrins, chargée de projets chez Équiterre. Les parents qui font des efforts pour réduire leur impact sur l’environnement habituent leurs enfants à faire la même chose. » Par exemple, à l’épicerie, un parent peut expliquer à son enfant qu’il choisit tel produit parce qu’il a moins d’emballage plastique.
Pour éduquer un enfant à l’importance de préserver l’environnement, le contact avec la nature est d’ailleurs essentiel. « L’idée, c’est de lui permettre de développer une connexion et un lien affectif avec le monde vivant, explique Barbara Bader, professeure à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval et titulaire de la Chaire de leadership en enseignement des sciences et développement durable. En fréquentant souvent la nature, il apprendra à l’aimer et il aura envie, plus tard, de la protéger. Un jeune enfant a une capacité d’émerveillement et une curiosité naturelle. Les insectes, les arbres, les plantes, les oiseaux, c’est beau, c’est intrigant, c’est vivant. »
C’est possible aussi sans sortir de la ville. « Jouer dehors, marcher, se promener à vélo ou faire un pique-nique au parc sont autant de façons de se rapprocher de la nature, pourvu qu’il y ait des arbres », ajoute Barbara Bader.
Faire un potager ou faire pousser des fines herbes dans des pots est un autre moyen de favoriser l’attachement à la nature. « Nous faisons pousser des haricots, des carottes, des tomates, des concombres, des cerises de terre et même des kiwis, énumère Éric Bazinet, papa de Maëlie, 6 ans, Léamée, 4 ans, et Alexim, 1 an. Ça fait réaliser aux enfants que les fruits et les légumes viennent de la terre, des arbres ou des plantes. Et ils adorent les ramasser! »